LE PROBLÈME DU MANAGEMENT À LA FRANCAISE

Burn out, stress, violences entre salariés ou avec l’extérieur pour le personnel en contact avec le public, harcèlement moral ou sexuel, conflits exacerbés…
Toutes ces situations font partie des risques psycho-sociaux (Rps).
Certaines entreprises se sont tristement illustrées dans ce domaine comme France Télécom, revenue sur le devant de la scène en mai dernier, avec le procès de ses anciens dirigeants.
Pour les deux seules années 2008 et 2009, 35 salariés de l’entreprise de téléphonie s’étaient donné la mort. En cause, le management impitoyable imposé par la direction.

Stress au travail, burn-out, les salariés français ne vont pas bien ?
Non, ils ne vont pas bien. On estime à 500 000 le nombre de personnes qui présentent une pathologie mentale liée au travail et 25 % des salariés. De très mauvais chiffres qui nous placent en bas des tableaux européens.

Comment en est-on arrivé là ?
En France, on surinvestit le travail et on ne respecte pas assez l’équilibre vie privée/vie professionnelle.
Il y a surtout un vrais problème du management à la fran
çaise. Si nous sommes très en avance sur les questions d’organisation du travail, nous avons en revanche, délaissé la question de l’encadrement. Dans les pays où le bien-être au travail est le plus grand comme la Suède ou le Canada, cette dimension est centrale. Nous avons, nous, de bien piètres managers. Car diriger ne s’improvise pas.

C’est à dire ?
En France, on donne des fonctions d’encadrement à des personnes pour les « récompenser ». Il s’agit de promotions déconnectées des qualités humaines nécessaires pour être un bon manager : la disponibilité, l’écoute, la capacité à proposer du sens, des objectifs, à donner les moyens pour les réaliser et surtout à reconnaître le travail fait. Un patron « sympas » peut être aussi toxique qu’un harceleur. Quant à ceux qui sont formés dans les écoles dédiées, ils apprennent la gestion, l’économie, la finance, l’anglais… mais ni l’écoute, ni l’empathie. L’humain est totalement évacué. Ce qui me paraît le plus grave, c’est le manque de confiance des dirigeants : infantilisés, contrôlés, les salariés souffrent d’un manque de retour positif et de reconnaissance dans leur travail.
Interwiew de P.Légeron, psychiatre.- Extrait de VIVA

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